Marion Lemaire : “savoir redéfinir ses priorités”

Et toi, toute seule, qu’est-ce que tu ferais ?

Lorsqu’elle commence ses études supérieures, Marion Lemaire, aujourd’hui âgée de 48 ans et mère de trois enfants, fait du droit par défaut, – “je ne savais pas quoi faire”- . Mais très vite elle rencontre l’homme qui deviendra son mari. Elle prend alors la décision radicale de faire le même type d’étude que lui afin de rester proche. “Il était dans l’informatique, et j’avais envie de trouver quelque chose qui nous relie”.

Elle se lance alors, à son tour, dans l’informatique : « Il m’a vraiment aidée, ça nous a permis de partager quelque chose ». A la fin de ses études, elle se fixe pour objectif de réussir et de rendre fier à son tour mari. Elle se lance dans le conseil avant d’intégrer une banque en tant que conseillère informatique. Petit à petit elle gravit les échelons du management avec des équipes et des responsabilités de plus en plus importantes. “Je me suis fixée un objectif de carrière, j’avais envie de briller.”

Trop de travail mène au burn-out

Avec son mari, ils travaillent beaucoup : « le schéma familial : je m’occupais des enfants. Je rentrais le soir et il fallait rentrer en courant, j’enlevais mes chaussures, je prenais mes enfants, je les faisais dîner, je les aidais dans leurs devoirs. Je faisais tout, en fait ». Avec cette charge très lourde, Marion Lemaire se fatigue. “Je me suis trouvée à devoir gérer trop de choses en même temps avec le sentiment de ne rien faire de bien.” Elle a le sentiment “de ne rien faire tout à fait bien et sans réussir à arbitrer.” Malgré des tentatives pour trouver une nounou, le fait de ne pas élever ses enfants elle-même la dérange. “Je n’arrivais à rien lâcher en fait“. Quand elle demande de l’aide à son mari, ce dernier lui répond : “Travaille moins, c’est de ta faute. Son vouloir m’aider.” L’accumulation des problèmes va la mener à un premier burn-out. C’était en 2012. « J’ai su que je l’étais quand j’ai commencé à avoir envie de pleurer tout le temps. Je n’avais plus de patience avec mes enfants et mon mari. Je ne dormais plus.»

“Du jour au lendemain, j’ai arrêté d’aller travailler.”

Marion réussit à s’en sortir sans s’arrêter de travailler, “mais en prenant des médicaments pour dormir et des antidépresseurs. Pendant longtemps, j’ai eu un long traitement ». Quand elle annonce sa décision de démissionner de la banque, une de ses managers avec laquelle elle s’entend très bien, lui propose un emploi avec des responsabilités moindres afin de l’aider à remettre en selle. “Tu vas te refaire une santé et ensuite tu continueras à grimper.” En parallèle, elle commence une thérapie qui va durer pendant 1 an et demi. Au boulot, chassez le naturel, les responsabilités reviennent : « On m’a proposé un poste de directeur de projet […] J’avais encore plus de responsabilités. Donc au bout d’un an, re-burn-out, mais là … du jour au lendemain j’ai arrêté d’aller au travail . Je voulais boucler mes dossiers, mais je me suis dit : c’est une grande banque, ils vont pouvoir fonctionner sans moi. Nous sommes alors en 2016, quatre ans après mon premier burn-out.”

Une déviation réussit : “C’est le moment, on a des économies, on les met dedans.”

Marion Lemaire qui est de nouveau sous traitement, décide alors de se reconstruire professionnellement. “Quand ca arrive deux fois, on se demande si on est vraiment faite pour ce poste”. Et donne encore plus d’importance a tout ce qui relève de la conscience environnementale. “On avait commencé à la maison à changer notre consommation notamment en privilégiant le local.” Marion a beau chercher, elle ne trouve pas de vêtements français pour enfants. Qu’à cela ne tienne, elle décide de se lancer dans ce domaine après avoir négocié une rupture conventionnelle avec sa société. Son mari la pousse aussi dans ce projet : “c’est le moment. On a des économies, on les met dedans.” ! Une amie qui travaille dans la mode – directrice de collection dans une grande maison- va lui donner le coup de pouce dont elle a besoin et la conseiller. “Au début j’ai tout fait toute seule. Les débuts ont été difficiles, mais j’ai tenu bon. Cette amie m’a dit : il faut que tu fasses de l’adulte, l’enfant c’est trop compliqué.

“Je fais enfin des choses pour moi”

Aujourd’hui Marion Lemaire est la tête de sa propre marque de vêtements pour adultes, fait en France avec du lin français au nom de Splice qu’elle a lancée le 6 novembre 2018. “Dans ce projet là, je n’ai pas embarqué mon mari. Il s’est mis à s’occuper des enfants, faire les courses, préparer les repas…Mais cela ne nous a pas permis de sauver notre couple. Je me suis retrouvée sans mari avec une jolie marque qui démarrait et mes trois enfants. Avant je ne faisais rien en fonction de moi. Je faisais pour avoir la reconnaissance des autres. Je ne m’étais jamais demandée : et toi toute seule qu’est-ce que tu ferais ? Enfin maintenant, je fais des choses pour moi. (…) Je suis fière de vendre mes produits car je sais tout ce qu’il y a derrière.”

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