Maud Mongellas : “Bien se connaitre pour se donner la liberté de faire ses choix et être soi !”

À l’occasion de la sortie de notre magazine N°2, nous vous proposons de découvrir certaines de nos histoires. Aujourd’hui nous vous parlerons de Maud Mongellas. Elle accompagne depuis 15 ans, les sportifs dans leurs reconversions – plus de 600 à ce jour – avec une méthode qu’elle a mise au point avec son associé et qui a fait également ses preuves dans d’autres milieux, notamment celui de l’entreprise. “N’attendez pas que le vase déborde, préparez l’avenir avec un premier bilan !”

“J’ai fait le constat que les techniques utilisées pour accompagner les reconversions ne convenaient ni aux sportifs ni à l’individualisation.”

Ancienne athlète – j’ai été sprinteuse-,  avant de me consacrer professionnellement à la reconversion des sportifs, j’ai commencé par faire ma propre reconversion dans les RH pour bien comprendre ce qui était proposé aux salariés dans les métiers dits plus « conventionnels ». Au bout de 5 ans de formation, j’ai fait le constat que les techniques utilisées pour accompagner les reconversions ne convenaient ni aux sportifs ni à l’individualisation que chacun mérite.  Nous avons donc créé avec Gérald, mon associé,  MGS Evolution en 2007. Nous proposons, notamment, un nouveau programme rapide, éclairant pour chaque personne et orienté solutions.

“Connais-toi toi-même.”

Les tests psychotechniques avec un  générateur de réponses qui vous range dans une catégorie m’ont toujours gênée. Je pense que les bilans de reconversion ou de compétences doivent davantage respecter la parole de l’individu et le laisser acteur de ses choix et de son évolution. Le rôle du conseiller doit résider dans cette capacité à nous poser les bonnes questions pour que nous apportions nos propres réponses : celles qui vont nous faire dire « mais bien sûr ! C’est ça! ». Socrate l’a affirmé il y a bien longtemps. Sa Maïeutique et son « Connais-toi toi-même » sont le point de départ de notre bilan de reconversion. Ensuite, les découvertes majeures dans les neurosciences nous ont permis d’apporter des outils nécessaires au besoin de rapidité des sportifs qui éclairent sur leurs motivations individuelles.

Ce sont les paramètres essentiels pour dresser ce premier bilan qui doit permettre de « sortir la tête du guidon» pour se découvrir et comprendre ses motivations. Ce bilan doit être perçu comme une projection, une source de solutions. C’est pour cela que je ne parle jamais de « petite mort ». Beaucoup de sportifs parlent en ces termes de leur fin de carrière alors si moi, censée les aider, je deviens porteuse de ce message, que leur reste t-il comme espoir ? Mon métier c’est de montrer qu’il y a une carrière et même une vie après la carrière sportive. C’est d’aider à éclairer les gens pour qu’ils trouvent leurs solutions et finalement, c’est valable pour tous : sportifs ou non. 

“C’est une motivation commune face à la reconversion : le sens.”

Pourtant, il y a une différence majeure entre la carrière sportive et la plupart des autres carrières : c’est un métier temporaire. La reconversion est un passage obligé. Ainsi, les sportifs ne se demandent pas s’ils feront une reconversion mais plutôt quand ils la feront. 

L’autre particularité des sportifs est d’envisager non pas l’arrêt d’un métier mais d’une passion qui les guide depuis le plus jeune âge! C’est donc la quête du Sens qui est au coeur de leur réflexion. Ainsi, si les non sportifs qui font appel à nous sont de plus en plus souvent en perte de sens, les sportifs, eux, sont plus dans une démarche de maintien de sens. C’est une motivation commune face à la reconversion : le sens, l’un à trouver l’autre à maintenir. 

“N’attendez pas que le vase déborde.”

Autre point commun, l’inquiétude face au changement. Sortir de sa zone de confort n’est jamais simple et c’est pour cela que l’on encourage tous les sportifs à anticiper la réflexion sur leur future reconversion. Il est toujours plus simple d’envisager l’avenir lorsque l’on a encore le choix et finalement, peu de sportifs ont le privilège de choisir le jour de leur arrêt de carrière. C’est pour cela que nous leur répétons : “Libérez votre esprit de cette étape pour le reste de votre carrière”. Ce conseil est aussi valable pour les carrières non sportives.

“N’attendez pas que le vase déborde” pour vous engager dans un bilan. Le bilan est une réflexion personnelle et professionnelle, rien ni personne ne vous obligera à appliquer des changements après. À l’issue d’un bilan, contrairement aux sportifs qui seront obligés d’appliquer des changements, les carrières non sportives ont le choix de maintenir leur situation ou de lui appliquer la dose de changements qu’ils jugeront nécessaire. 

“La plupart des sportifs ont appris depuis ces dernières années à ne pas rester seul face au changement de vie.”

Après 15 ans et 600 reconversions ou bilans nous pouvons dire que nous avons accompagné autant de types de reconversions qu’il y a eu de candidats à ce bilan. Bien sûr, certains m’ont plus marquée que d’autres, soit par leur histoire soit par leur côté inattendu. Je me souviens de cette athlète ayant une formation dans le médical et qui est aujourd’hui ingénieure en architecture : perspective qu’elle n’aurait jamais osé imaginer. Je me souviens également de ce père dont le bilan doit lui permettre de démontrer à un juge pour enfant que son futur métier lui permettra d’assurer la garde de son enfant. Ou encore de ce jeune de tout juste 20 ans qui prend conscience sur un podium que sa vocation n’est plus d’être sportif mais ailleurs : le bilan le guidera vers l’évolution des technologies pour les personnes atteintes de pathologies. 

Finalement, la plupart des sportifs ont appris depuis ces dernières années à ne pas rester seul face au changement de vie. Il ont appris lors d’un bilan à tout mettre à plat pour reconstruire selon leurs propres critères de choix. Et c’est finalement ça le bilan de reconversion : se donner la liberté de faire ses choix et d’être soi.