C’est un vrai phénomène de société tout droit venu des Etats-Unis. Les Américains parlent du “Big Quit” ou de “Great Resignation”. En France, cette tendance se traduit par la “Grande Démission”. Le résultat est le même : c’est une vraie remise en question du travail et de la quête de sens. L’hebdomadaire Le Point en a même fait sa couverture il y a quelques semaines.

Pas moins de 38 millions d’Américains – sur 162 millions d’actifs- n’ont pas hésité à démissionner en 2021 de leur société, et qu’importe s’ils devaient renoncer à un plan de carrière et à un salaire confortable. Ils étaient déjà sensiblement presque autant un an plus tôt. Une carrière ne suffit plus, il faut que le travail ait un sens. 11 millions d’offres d’emploi ne sont toujours pas pourvues outre-Atlantique.
Cette révolution – on peut en parler d’une- a été initiée par la génération Z, les moins de 25 ans. La génération X – 1960 et 1980- est plus prudente, il est vrai que parmi elle, des personnes plus âgées sont moins promptes à tout quitter du jour au lendemain. 52% des Z contre 35% des X se disent prêts à quitter leur entreprise dans les mois à venir. Plus que jamais, l’équilibre personnel et la vie familiale sont au cœur des attentes des jeunes et des actifs plus âgés.
Les démissions ont augmenté de + 20% en un an en France
Microsoft vient de réaliser une étude qui a fait le tour du monde dans 31 pays auprès de plus de 31 000 personnes : 41% des personnes interrogées partagent les valeurs de ce mouvement. Il est vrai qu’aux Etats-Unis, on est dans une période quasi de plein emploi et les salariés n’ont jamais été aussi libres de changer de société, libres d’aller au bout de leurs rêves. Libres de dire “non” à un système qui ne correspond plus à leurs attentes. Ils sont quasi assurés de rebondir si d’aventure cette nouvelle expérience n’est pas concluante. Le phénomène touche, cependant, la France. Une récente étude réalisée et publiée par la Dares -Direction de l’animation de la recherche, des études et des statistiques- atteste que notre pays, est lui aussi bien concerné par cette tendance : le nombre de personnes qui ont quitté leur emploi a augmenté de + 20% en juillet 2021 vs 2019. Soit 620 000 démissions et ruptures conventionnelles pour le seul troisième trimestre 2021.
Parmi les secteurs les plus touchés arrivent en tête l’hôtellerie et la restauration. La Covid n’explique pas tout. En France, les cadres, eux, seraient moins concernés si l’on en croit une étude récente de Cadremploi : 86% des personnes sondées étaient heureuses de leur sort. Aux Etats-Unis en revanche, ce phénomène n’épargne pas cette catégorie socio-professionnelle. Du coup, les entreprises veillent au grain. Pas question de se laisser dépasser par ce phénomène. Les DRH font leur déviation pour conserver les talents. Et le télétravail qui a déjà changé bien des habitudes n’a pas fini, là encore d’être au cœur des réflexions et des actions. A l’arrivée, de plus en plus seuls les résultats comptent. Et plus les heures effectuées.
Les grands groupes rivalisent déjà d’imagination et d’initiatives pour choyer leurs équipes : Orange vient de mettre en place un congé dit Respiration. Il est proposé aux salariés qui bénéficient de plus de dix ans d’ancienneté et qui ont la possibilité, moyennant une rémunération de 70 % de leur salaire, de prendre un congé de trois mois à un an pour faire une recherche, une formation ou travailler sans une startup ou s’engager au sein d’une association. Aux Etats-Unis, l’industriel RHI Magnesita offre 3 000 dollars à l’embauche… La directrice générale d’Oracle France reconnait dans Les Échos :”Avant, on nous demandait des voitures de fonction diesel, maintenant on nous demande si l’entreprise pollue et ce qu’elle fait pour limiter ses émissions carbone ».
La crise ukrainienne peut ralentir la tendance mais pas l’enrayer
Ce phénomène qui s’est développé aux Etats-Unis en amont de la crise sanitaire mais qui s’est amplifiée pendant cette période, doit aujourd’hui tenir compte de la crise ukrainienne qui pour certains peut changer la donne. Pas facile de prendre des risques dans un contexte économique déjà tendu. Une chose est sûre, la génération Z est bien déterminée à faire sa révolution : deux jeunes sur trois, selon un sondage Louis Harris, sont prêts à renoncer à un job si les enjeux environnementaux ne sont pas au rendez-vous. “Si le marché se retourne, il peut y avoir une pause dans les démissions, a récemment confié Vincent Meyer, professeur de gestion des ressources humaines et théorie des organisations à l’EM Normandie à 20 minutes. Mais elles reprendront de plus belles après, car il s’agit d’un vrai phénomène de fond.”
Pour Victoria Short, Pdg de Randstad UK, “la grande démission est là et la fidélité au travail appartient au passé.”
N.P
N’hésitez pas à commenter cet article. Etes vous prêt(e) à surfer sur cette tendance de la grande démission ? Et à lire notre magazine qui est en vente dans les kiosques et/ via ce lien sur ce site et qui aborde à travers de nombreux témoignages tous aussi inspirants les uns que les autres cette quête de sens au travail.
