Figure du PAF, Alex Goude est un touche-à-tout hyperactif passé maître dans l’art du rebond. Pour Les Déviations, il a partagé sa trajectoire, sa traversée du désert et les projets qui le font vibrer.
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« Jusqu’à l’âge de 12-13 ans, tout allait bien »
Alex Goude ne s’arrête jamais ! C’est sur la route, après trois jours de déplacement, que le visage historique de M6 a enfin trouvé le temps de nous parler. « Ferrero dont je suis l’égérie soutient des épiceries solidaires. Je suis allé à la rencontre de leurs usagers. Ça remue de voir cette face cachée de la misère », s’attriste ce quadragénaire né dans un « gentil petit appartement de Neuilly-sur-Seine ». La galère, ce touche-à-tout qui collectionne les casquettes (il est comédien, animateur télé, humoriste, réalisateur, metteur en scène…) ne l’a pas connue.
La violence, si. Alex n’a pas été un enfant battu. En revanche, il a vu son père sombrer dans l’alcoolisme. « Jusqu’à l’âge de 12-13 ans, tout allait bien. Mon père voulait que je devienne tennisman professionnel mais, sans doute par esprit de contradiction, j’ai voulu faire du foot ! Ensuite, nos rapports ont été vraiment difficiles. Sa déchéance m’a tellement affecté que je me suis juré de ne jamais faire vivre cela à mes enfants », résume-t-il.
« J’avais 20 ans quand mon père a complètement sombré »
Résilient de nature, l’adolescent se lance en sport études football lorsqu’à 17 ans, il se rompt les ligaments croisés. Son rêve se brise… mais il en faut plus pour arrêter le jeune homme. « Comme j’étais fan de karting, je me suis mis au sport automobile », poursuit-il. Pas pour longtemps. « Malgré les sponsors, c’est une passion qui coûte cher. J’avais 20 ans quand mon père a complètement sombré. Il nous a laissés nous débrouiller seuls avec ma mère. Il a fallu que j’arrête tout pour gagner ma vie », raconte l’ancien journaliste.
À cette époque, quand il ne fait pas de sport, Alex consacre son temps aux jeux vidéos. Comme tout fan qui se respecte, il lit PlayStation Magazine. Il décide un jour de réécrire le dernier numéro, pour s’amuser. Derrière sa machine à écrire, il compose des articles, les colle sur les pages de la revue et adresse son spécimen au rédacteur en chef…. qui l’appelle le lendemain pour l’embaucher !
« Je ne sais pas ce que vous faites, mais arrêtez tout, vous êtes comédien ! »
Des exemples comme ça, Alex Goude en a plein les tiroirs. Son existence est une succession de synchronicités, ces petits clins d’œil du destin qui vous amènent parfois là où vous n’auriez jamais pensé aller. L’exemple le plus significatif ? Le théâtre ! Alors qu’il accompagne un ami au Cours Simon, une école d’art dramatique réputée de Paris, le prof l’invite à passer une scène. « Je ne sais pas ce que vous faites, mais arrêtez tout, vous êtes comédien ! », lui révèle-t-il.
Le journaliste s’inscrit aux cours du soir, finit par attraper le virus et quitte son job (tout en conservant quelques piges) pour embrasser sa nouvelle passion à 26 ans. Très vite, il écrit sa première pièce, Théâtrouille, qui fait un carton. Alors qu’il goûte le plaisir du jeu, sa préférence pour les garçons se révèle. « Je suis le spécialiste du changement de vie… y compris sexuelle ! », plaisante-il. À peu près au même moment, il est repéré par Disney Channel qui effectue un reportage au Journal de Mickey, magazine pour lequel le comédien écrit encore aujourd’hui. Ni une ni deux, le directeur lui propose un poste d’animateur sur sa chaîne. En parallèle, le succès de sa pièce l’amène jusque dans les couloirs de Canal+. Sa carrière télévisuelle est lancée.
« À partir de là, ma traversée du désert a commencé »
Alex Goude incarne d’abord monsieur météo sur la chaîne cryptée puis sur M6 où son humour séduit. Là, il anime un nombre incalculable d’émissions mais le départ en 2015 de Bibiane Godfroid, la directrice générale du groupe, met fin à cette période de grâce au moment où il fait son coming out. « J’étais un peu son chouchou. Quand elle est partie, on a voulu me le faire payer.
“À partir de là, ma traversée du désert a commencé“, confie-t-il. Au plus fort de la pandémie, le soleil l’éclaire de nouveau. Entouré de profs, il anime l’émission éducative Lumni sur France 4. Mais une fois le confinement levé, les budgets sont coupés et les promesses de pérenniser le concept s’envolent. « Ça a été très violent » reconnaît Alex, encore sonné. Mais Monsieur Rebond a plus d’un tour dans son sac.
Depuis janvier 2023, il produit et anime Le goût du savoir (la suite de Lumni) sur YouTube et continue de représenter des marques. Certains pourraient s’en satisfaire. Pas notre hyperactif qui déploie toute son énergie à monter une nouvelle pièce, Ménopause. Et comme si cela ne suffisait pas, il prépare un énorme show à Las Vegas, dans l’esprit du précédent, Twisted Vegas, arrêté en décembre après six années de succès. « L’expérience doit être renouvelée et réinventée pour ramener les gens dans les salles. Et pour ça, j’ai ma petite idée… » conclut, sibyllin, ce maître dans l’art des déviations.
Par Sandra Franrenet.
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