Lucie Capitaine : de la haute joaillerie à la crèche canine !

« Je sens chaque jour la joie, la sérénité et le calme, et je sais que c’est un luxe (...) Loin des bijoux qui scintillent, je prends des shoots d'amour tous les jours !"

Quitter la ville ? Si les urbains s’installent loin des métropoles pour une meilleure qualité de vie depuis 50 ans, le mouvement s’est accéléré depuis quelques années avec des projets bien ficelés pour certains et l’idéalisation de la vie en campagne pour d’autres.

« C’était trop beau. J’ai longtemps cru que l’heure viendrait où il faudrait repartir. » Pourtant, après Lyon, la périphérie parisienne et Saint-Germain-des-Prés, Lucie a bel et bien posé ses valises à Préaux en juin 2019, dans l’un des hameaux de ce petit village de 600 habitants. « Je sens chaque jour la joie, la sérénité et le calme, et je sais que c’est un luxe », raconte Lucie qui travaillait comme cadre dans la haute-joaillerie avant de quitter Paris, puis Lyon, avec son conjoint, avec le projet de devenir éducatrice canin. « Quand on promenait notre chienne Lutèce sur les quais, on rêvait de vivre au grand air, d’avoir plus d’espace… Et je voulais me sentir utile. »

Comme Lucie, un urbain sur deux souhaite quitter la ville pour vivre plus proche de la nature ; c’est même deux sur trois chez les moins de 35 ans, selon une étude réalisée par l’Ifop en 2019. Rêve et réalité puisqu’ils sont 100 000 par an à franchir le cap et représenteraient entre 4 et 5 % de la population française des plus de 15 ans.

Reconversion et télétravail

Pour beaucoup de ces futurs ex-citadins, prendre un nouveau départ professionnel est une des conditions du projet. Certains profitent donc de changer de lieu pour changer de carrière, à l’instar de Lucie qui s’est rassise sur les bancs du lycée agricole pour décrocher son diplôme d’éducatrice. Pour les salariés, l’emploi aussi est un enjeu central dont le jeu a été rebattu par le télétravail qu’entreprises et salariés ont été contraints d’adopter massivement ces derniers mois et qui connaîtra un développement exponentiel selon Julien Mezzano, délégué général de l’association nationale des nouvelles ruralités. « Confinement et maturité technologique ont changé la donne. Notre économie de services est compatible avec le travail à distance et les infrastructures (connectivité, téléphonie) sont suffisantes sur le territoire pour accueillir cette nouvelle population. »

Idéalisation et intégration

Si les questions du travail et du logement sont incontournables, d’autres conditionnent aussi la réussite ou non d’une implantation. Parmi les facteurs d’échec, l’idéalisation : s’éloigner de la ville, ce n’est pas seulement profiter des oiseaux, du calme et de l’espace… C’est aussi dépendre fortement de la voiture pour les courses, le travail, l’école des enfants ; c’est ne plus trouver en bas de chez soi certaines facilités modernes, médecins et services publics notamment ; c’est bénéficier d’une offre plus limitée en activités culturelles. Les difficultés des citadins à s’adapter à la vie rurale constituent la première cause d’échec pour 62 % des maires de petits villages selon une étude réalisée par Ipsos.

Réussir son installation, c’est enfin (ou d’abord) réussir à s’intégrer à la communauté locale. Parfois, des clivages socio-culturels apparaissent entre ex-urbains et ruraux qui peuvent compromettre l’intégration des nouveaux arrivants à la communauté et mettre un coup d’arrêt à leur projet. D’où l’importance qu’il faut y accorder. « On a vraiment fait la démarche de se faire connaître des locaux, d’aller à leur rencontre et, après une bonne année, on s’est sentis bien intégrés », raconte Lucie, qui se dit désormais préauxoise. “Loin des bijoux qui scintillent, je prends des shoots d’amour tous les jours !”

Retrouvez aussi le témoignage de Lucie dans le premier numéro Les Déviations qui est toujours en vente dans les kiosques et via ce lien.

Par Laurène Loth.

Réalisation-Montage : Sydney Klasen.

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